Dimanche des Rameaux
Aujourd’hui nous sommes le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, la liturgie nous invite à méditer sur les textes suivants :
- Évangile de saint Marc (11, 1-10)
- Lecture du Livre d’Isaïe (30, 4-7)
- Psaume 21, avec comme refrain : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! »
- Lecture de la lettre de saint Paul aux Philippiens (2, 6-11)
- La Passion de notre Seigneur, selon saint Marc (14, 1à 15,47
Peuple de Dieu ! Chers Frères et Sœurs dans le Seigneur, nous célébrons aujourd’hui, la fête des Rameaux et de la Passion de Notre Seigneur. Je suis toujours curieux de constater que dans une même liturgie est déployée aussi bien une acclamation, une exaltation de Jésus comme Roi des Juifs, monté sur un âne porté par des acclamations et l’agitation des rameaux, porté en triomphe, avec des signes de liesse et le déploiement de cette Royauté à travers sa Passion, mort, Résurrection. Oui, aujourd’hui nous célébrons le dimanche de la passion et je vois le mot passion dans toute son ambivalence, passion comme élan du cœur, passion comme amour et aussi passion comme souffrance et comme sacrifice par Amour.
Au début de cette célébration, nous avons médité l’évangile de Marc qui traduisait cette montée en triomphe vers Jérusalem avec cette liesse populaire et cette évocation : « Hosanna ! (au plus haut des Cieux) Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !... ». Les juifs reconnaissaient bien Jésus comme l’envoyé de Dieu, le Messie, pourtant, quelques jours plus tard, ils le désavoueront et choisiront un bandit à sa place, Barabbas.
Le texte de la Passion du Seigneur est là pour décliner l’homme dans tout ce qu’il a dans son humanité, de grandeur, de noblesse, mais aussi de limite et de misérable. La dramaturgie portée par la Passion de Jésus, nous montre jusqu’où l’amour peut nous conduire, nous embarquer, mais aussi jusqu’où la méchanceté de l’homme est capable de nous emmener.
On est tour à tour attentifs aux bonnes œuvres :
- celle de cette femme qui embaume les pieds de Jésus avec un parfum de grande valeur, provoquant l’indignation des autres et Jésus rappelle que c’était un acte prophétique qu’elle était en train d’opérer.
- Simon de Cyrène, réquisitionné, comme par hasard, pour porter sa croix. Il met la part de l’homme dans la tragédie qui est jouée.
- Joseph d’Arimathie, de la grande classe, juif et pharisien, lui aussi avait fait la connaissance de Jésus et le voilà à la fin de sa vie qui lui offre un linceul et va déposer Jésus au tombeau.
A côté, de manière contrastée, nous avons des attitudes moins nobles, misérables :
- Judas, l’ami qui au moment de la trahison, utilise le baiser, geste de l’amour pour trahir son maître. Jésus utilise l’image de la « bouchée » pour présenter son bourreau et dit: « C’est l’un des douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat ». C’et l’amour qui gagne.
- Pierre, pauvre Pierre, malgré sa bonne volonté : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne te tomberai pas », « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas ». Aux injonctions d’une pauvre femme, il renie son Maître.
- il y a aussi beaucoup de dérisions, de moqueries sur sa Royauté.
- Choix de livrer le Juste, pour relâcher le bandit Barabbas.
Tout cela ponctué de silence et de solitude pour Jésus. Tous cela culmine par la première profession de foi venue de la part d’un païen : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ». Voilà la raison pour laquelle Jésus a été supprimé. Voilà aussi la raison pour laquelle il sera élevé et deviendra aussi notre Seigneur et Sauveur. Mais, chacun de nous peut s’approprier un rôle dans la trame de sa Passion et de sa Résurrection. Chacun de nous peut contempler à quelle mesure l’amour est porté, quel abaissement, quelle humiliation Jésus a subi par amour pour nous. Cette passion peut nous laisser saisir la portée du sacrifice de sa vie et aussi éveiller en nous le sens du don de nous-mêmes pour les autres, pour notre frère.
La Passion de Jésus est l’école qui permet de mesurer la faiblesse de l’homme, mais aussi, la faiblesse d’un Dieu qui assume toute cette déchéance par Amour. Tout cela trouve son sommet dans cette belle profession de foi d’un païen : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ». La Passion de Jésus nous met en face de sa véritable identité de vrai Dieu et vrai homme, de fils du Père livré pour nous à la méchanceté de l’homme. Ce don de Lui-même, nous accorde le salut, la victoire, sur le péché et sur le mal.
En chemin vers Pâques, demandons au Seigneur de renouveler notre humanité déchirée par le péché et le mal. Notre liesse des rameaux ne saurait être occultée par la Passion, Mort et Résurrection de Notre seigneur, qui nous engage à la victoire sur le péché, la mort et le mal.
DIEU N’ABANDONNE PAS SON PEUPLE
Amen
Votre Frère,
Abbé Chris Brunel GOMA